18/10/2010

MICHEL WINTSCH

Pour moi, dans cette histoire, il ne s'agit pas seulement de musique improvisée.

Ce qui dérange de nos jours, je crois, c'est l'inqualifiable, le non mesurable, l'innetiquetable, le subjectif, le débridé, le non-rentable.

Il y a des gens, là-bas, qui passent la plupart de leur temps dans des bureaux, à compulser des dossiers, avec un salaire bien confortable - sans même prendre la peine réellement d'étudier leur matière ( il suffit de lire l'article de M. Meyer pour s'en convaincre ) - qui sont sensé travailler pour la culture. Servir la culture.

Moi, j'aime ce mot culture. Et si quelqu'un, que se soit un individu ou une institution décide de s'occuper de culture, il ferait bien de se faire jardinier.
Avec l'humilité et la patience que cela suppose.
Qu'il arrose le jardin, qu'il prenne soin qu'il soit diversifié, qu'il y aie du terreau, des cycles, des jachères, de la cendre, de la pourriture même - sur laquelle d'ailleurs le plus souvent poussent les jolies roses. Une culture vivace, riche suppose une diversité, des coins d' ombre et de lumière.

Aujourd'hui, on veut de l'efficace, du rentable, de l'exportable, de l'identitaire ! (je ne crois pas qu'on décide de son identité, je pense qu'on ne peut que l'observer, l'assumer, et éventuellement… la cultiver )

Voyez là-dehors, allez marcher dans les montagnes avoisinantes, vous verrez ces zones de forêts, plantées de sapins de norvège , qui poussent vite, bien droit, et qui font de jolies planches ( juste assez solide pour un cercueil bon marché) et qui, il est vrai, rapporte gros au cultivateur - à cours terme.
Allez-y donc, et vous verrez que plus rien ne pousse dans ces sous-bois, plus de fougères, plus de mousse, plus d'animaux…des troncs bien droit avec leur tête bien dressée qui cherchent la lumière la-haut.
J'ai le sentiment qu'on en est là. On arrose ce qui rapporte, ce qui brille, avec tout les risques de la mono-culture: que la terre s'affaiblisse et meurt, à coup tuteur, à force de vouloir contrôler, de vouloir le succès et l'argent, et vite.

La musique improvisée (ce n'est pas la seule) représente sans doute une de ces zones incontrôlables, une zone de relief, de contradictions, de lenteur comme de fulgurances, d'errance parfois, mais une zone indispensable au terreau, à l'ensemble du jardin. Mais cela effraie fort nos bureaucrates, et je crains que l'ignorance en matière de jardinage élémentaire - j'ose espérer qu'il ne s'agit pas d'un obscurantisme délibéré - de nos chères instances politico-culturelles et des "journalistes" à leur solde, ne nous envoient tous droit dans le mur.

Michel Wintsch

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