25/09/2010

PIERRE THOMA

Cher Thomas Meyer.

La lecture de votre article "Dissonnance" "Ist die freie Improvisation am Ende?" m'inspire quelques inquiétudes.

Vous postulez que l'improvisation libre a fait son temps, affirmant ainsi implicitement que toute forme d'expression doit trouver sa fin à un moment donné. Le danger d'un postulat, lorsqu'il est insuffisamment étayé, est qu'on y risque le dogmatisme, comme celui d'affirmer que l'improvisation libre, puisqu'on la pratique depuis quelques décennies, est arrivée à son Endpunkt. Ne pourrait-on imaginer que par son essence-même, cette musique-là est loin d'avoir épuisé son histoire?

Vous citez en impulsion de votre article deux personnalités dont je connais bien l'intelligence musicale, Alfred Zimmerlin et Jacques Demierre. Je n'ai pas assisté à ce concert, mais fonder un article sur cette expérience, en y ajoutant des exemples comme celui de l'évolution du travail de Irène Schweizer, me paraît bien léger. Rien de ce que j'ai pu entendre ces dernières années, entre autres par les deux musiciens pré-cités, ne me permet d'imaginer que nous sommes parvenus à la fin de l'improvisation libre.

Vous abordez la problématique du discours théorique sur l'improvisation. Comment intégrer le discours musical de l'improvisation libre à celui de la musique codifiée que nous avons appris au conservatoire? Vous le savez, chaque domaine possède son appareil conceptuel, et vouloir à tout prix intégrer l'un dans l'autre, c'est nier ce qui justement a fait l'histoire de l'improvisation libre. Il a fallu l'intelligence d'un Michel Thévoz pour intégrer le discours de l'art brut dans celui de l'art tout court (étant bien entendu que la démarche de ces artistes-là ne se compare pas ainsi à celle des musiciens en question).

A propos langage, au-delà de la question de ce qu'est l'improvisation, qu'est-ce que l'improvisation libre? Poser plus fondamentalement cette question aurait pu permettre d'asseoir votre article sur une base plus solide.

Avec mes meilleurs messages
pierre thoma

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